jeudi 28 février 2008

La Poste ou le poste ?


Depuis quelques mois, ce gros autocollant carré apposé sur la porte d'entrée du bureau de poste Blandan à Nancy m'énerve.
"Dans cet établissement, La Poste et les forces de l'ordre sont partenaires pour votre sécurité". Oui, et alors. Ce n'est pas le rôle des forces de l'ordre d'assurer la sécurité ? Il y a vraiment besoin d'un partenariat pour ça ? Sans partenariat ils ne se déplacent pas dans les bureaux de poste en cas de vol à main armée ou d'agression ?
En tout cas, depuis qu'il fait froid et qu'une porte sur deux reste fermée, la décoration de la porte a pris un tour comique avec l'ajout d'un "Tirez" tracé au feutre noir sur carton blanc. Tirer sur quoi ? Sur qui ? Pour vérifier que le partenariat fonctionne ? Tirer sur la porte, sur un membre des forces de l'ordre ou sur un postier ?
Je reste perplexe et je me souviens de cette grosse campagne de sensibilisation à la sécurité qui avait eu lieu dans la Marne dans la première moitié des années 80 (les numéros de téléphone avaient encore 6 chiffres, je dirais bien que c'était en 1984 mais le symbole serait trop beau, c'était sûrement avant).
Il y avait des affiches et des dépliants partout dans les commerces et les administrations. Il ne m'avait fallu qu'une paire de ciseaux et de la colle (pas de Photoshop à l'époque) pour détourner lâchement le slogan de la campagne, que vous saurez reconstituer sans peine :

samedi 23 février 2008

La rafle du Bel Hiv'


C'est Philippe R. qui me l'a signalé et m'a aiguillé vers un dictionnaire : il s'en trouve pour trouver exagéré de parler de rafle à propos de l'opération de police du 12 février dernier dans un foyer de la rue des Terres-aux-Curés dans le 13e arrondissement de Paris.
Pourtant, c'est très clair. Mon Dictionnaire Hachette 2003 définit une rafle comme une "Arrestation en masse faite à l'improviste par la police". Alors, si boucler un quartier de bon matin avec plus de 300 policiers pour investir un foyer d'hébergement collectif, détruire la plupart des portes, effrayer les locataires (deux auraient sauté par la fenêtre de peur) et embarquer plus de 100 personnes ce n'est pas une rafle, alors il faut d'urgence modifier la définition du mot dans les dictionnaires !
Et comme il faisait un très beau temps frais la semaine dernière, et comme je suis sensibilisé à l'injonction du devoir de mémoire, je ne fais que pousser un peu les choses en parlant de rafle du Bel Hiver !

Deux jours après les arrestations, on apprenait qu'absolument aucune charge n'avait été retenue contre personne au titre de l'information judiciaire qui avait suscité cette opération violente, l'hébergement de travailleurs dans des conditions insalubres contraires à la dignité humaine ! En temps normal, c'est à dire si nous n'étions pas en 2008, sous Sarkozy/Fillon/Alliot-marie/Hortefeux, l'ensemble des personnes interpellées auraient été relâchées après contrôle d'identité, interrogatoire, et constatation par la Justice qu'il n'y avait pas lieu à poursuite.
Oui, mais nous sommes bel et bien en 2008 et depuis quelques mois les rafles à Paris deviennent monnaie courante, sans parler des arrestations à la sortie des écoles, des enfants placés en centre de rétention,... Car nous sommes en 2008 et, comme en 2007, le gouvernement s'est fixé un objectif chiffré d'expulsions d'immigrés en situation irrégulière et il semble ne reculer devant aucun moyen pour tenter de le remplir. Et comme les locataires du foyer raflé se trouvent être dans leur immense majorité des travailleurs immigrés, souvent sans papiers, au lieu d'être relachés après leur arrestation avec les plates excuses de la République ils ont été placés en centre de rétention avec menace d'expulsion du territoire, en plus de l'expulsion manu-militari de leur logement !

Une dizaine de jours après la rafle, une bonne partie des 115 personnes interpellées a heureusement été relachée, et certains sont même de retour dans le foyer dévasté. Au bout du compte, le détournement de procédure semblant manifeste, il est probable que cette opération, qui a d'ores et déjà fait complètement chou-blanc sur le plan judiciaire officiellement affiché, ne donnera pas non plus lieu à des expulsions légalement valides, ce qui semble bien avoir été l'objectif inavoué de toute l'opération. Reste des dizaines de personnes terrorisées, arrêtées, expulsées de chez elle sur lesquelles on a jeté l'opprobre.
Pas grave pour le pouvoir ni pour les médias puisque depuis le gouvernement a battu son record avec 1000 membres des forces de l'ordre pour rafler tout un quartier et interpeller des personnes soupçonnées d'avoir commis des délits lors des délits lors des événements de Villiers-le-Bel à l'automne dernier. Mais là aussi l'écran de fumée retombe très vite puisqu'au bout de quelques jours seulement on parle de moins d'une vingtaine de personnes mises en examen, pour la plupart sur la base uniquement de témoignages anonymes.
Rendez-vous dans quelques mois devant les tribunaux pour constater l'inefficacité judiciaire de ces démonstrations de force policières aussi violentes qu'inefficaces.

vendredi 15 février 2008

Prendre un enfant par la main - et lui faire (re)vivre l'Holocauste


Il faudra bien que quelqu'un soit assez écouté de ce Président de la République pour l'obliger à émettre à haute voix ses GRANDES IDEES auprès de personnes dignes de confiance avant de les rendre publiques. Ça lui évitera de dire des idioties plus grosses que lui (je sais, c'est pas difficile) et ça évitera au couple vedette du Parti Socialiste, à nouveau réuni -politiquement- pour l'occasion, d'être pris à contre-pied et de se retrouver à approuver une proposition du grand homme.
Bon. Emettons l'hypothèse que cette idée que chaque année "tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d'un des 11.000 enfants français victimes de la Shoah." ne soit pas qu'une grosse connerie de plus lancée sans réfléchir pour faire du bruit (ce qu'elle est) et imaginons qe l'administration se voit effectivement confiée la tâche de mettre en oeuvre ce projet. Y a du boulot.
Déjà, ces 11 000 et quelques enfant déportés de France (pas tous français), il faut en récupérer la liste. Oh, elle existe, soyez-en sûr. Et depuis longtemps. Il me semble que, quand on l'a établie, on appelait ça le fichier juif.
Puis, ces 11.000 noms d'enfants, il faudra les affecter aux X milliers d'enfants de CM2 (je n'ai pas le chiffre exact) et établir une base de données indiquant, pour chaque enfant déporté, quels enfants sont ses parrains (il y en aura plusieurs, et de plus en plus chaque année). Et puis il faudra, avant l'entrée en sixième et sous peine de redoublement, mettre en place un contrôle de connaissances afin de vérifier que les élèves de CM2 du 21e siècle ont bien appris par coeur le nom, l'origine et la fiche anthropométrique de leur filleul des années 1940.
Si j'en crois ce qu'ont dit le Président et son ministre de l'éducation ce matin à Périgueux, l'Education Nationale est bien trop nulle et a déjà bien trop de travail de réforme à faire pour se charger d'une tâche aussi lourde et aussi importante. Je propose donc qu'elle soit confiée au tout jeune et vigoureux ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement.
Oui, je sais, vous l'avez peut-être oublié, mais ce ministère existe bien et, n'étant pas un ministère des transports, il ne peut pas servir qu'à expulser des sans-papiers. Encore que, en matière de transports, il y a peut-être là une vraie bonne idée à creuser. En effet, pour compléter ce travail de mémoire on pourrait imaginer de substituer au traditionnel voyage scolaire de fin d'année, un voyage en train vers le camp du Struthof, ou même vers Auschwitz si on a les crédits, un voyage obligatoire pour tous les élèves de CM2. Et s'il n'y a plus assez de wagons à bestiaux disponibles, on pourra toujours rouvrir des usines et en construire des neufs. Ça relancera peut-être un peu la croissance...