samedi 22 mars 2008

L'Union tape en force


Qui a écrit, au lendemain de la soirée électorale du second tour des municipales ? :
Ce matin, pas de rhétorique de plateau télévisé qui tienne, c'est bel et bien la Berezina pour la droite.
et le lendemain encore :
Après la raclée dans les urnes, l'UMP bafouille tandis que l'Elysée cafouille !
La lecture qui est faite du scrutin est une pitrerie grotesque et les ajustements annoncés ne sont qu'un petit coup de peinture, histoire que cela sente le neuf.
et encore une fois, après l'annonce de la nouvelle composition du gouvernement :
Aucun nom sorti d’une pochette surprise par l’Élysée ! Il s’agit d’un petit réaménagement mais qui va générer des dépenses supplémentaires. Et en période de vaches maigres on se doit plutôt d’être économe en moyens sans se priver de compétences. Etait-il nécessaire de créer quelques secrétariats d’Etat gadgets pour récompenser à la fois de rares vainqueurs des municipales, d’honnêtes tâcherons de l’UMP et sécher les larmes de déçues du printemps ? (...) Nicolas Sarkozy mesure les insuffisances de sa communication confiée à des courtisans brouillons et illisibles, tout comme l’inefficacité des arguments à l’eau de rose de l’UMP pour contrer le hiérarque socialiste et les siens.
Il ne s'agit pas de l'un des leaders de la gauche de gouvernement, faut pas rêver, ni de l'éditorialiste d'un brûlot gauchiste. Non, ces phrases sont extraites d'articles parus respectivement les 17, 18 et 19 mars 2008 dans les pages de L'Union, grand quotidien d'information issu de la résistance, et elles sont signées du directeur de la rédaction et de son principal éditorialiste.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas, L'Union c'est un peu le Ouest-France du nord-est, Les dernières nouvelles d'Alsace de la Champagne-Picardie, Le Télégramme de Brest de Reims, bref, c'est le quotidien régional de par chez moi, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça surprend d'y trouver des opinions aussi tranchantes et tranchées sur l'action d'un pouvoir de droite.
Il ne faut pas croire pour autant que, le 16 mars, L'Union ait basculé à gauche en même temps que les mairies de Reims et Amiens, les deux capitales régionales qu'il dessert. Ça ne risque pas. Il est d'ailleurs clair quand on lit les articles en entier qu'ils visent avant tout à enjoindre le Président et son gouvernement de se mettre à la tâche et de bien faire leur boulot d'élus de droite, mais ça fait quand même bien plaisir de voir L'Union leur taper aussi fort dessus. Depuis, je regarde leurs éditos avec beaucoup plus d'attention !

samedi 15 mars 2008

Laisseriez-vous votre petite-fille sortir avec ce Rolling Stone ?


Elle fait ce qu'elle veut, mais un vieux con en Vuitton, ça m'étonnerait que ça l'intéresse !

jeudi 13 mars 2008

Ensemble, tout n'est pas possible !


Plus de dix ans après Egal zéro, un pamphlet sorti à l'occasion d'une manif anti-FN à Strasbourg en 1997 puis diffusé au profit du GISTI, où il est toujours disponible, la fine équipe Rodolphe Burger / Pierre Alféri / Doctor L remet ça.
Ils auraient pu se contenter d'une légère adaptation des paroles d'Egal zéro pour "mettre à jour" cette chanson, qui reste malheureusement très d'actualité, mais ils ont fait mieux avec Ensemble, une poussée de fiel, un cri de colère, qui vise bien sûr celui qui est au centre de toute l'actualité depuis des mois.
Ce n'est pas le genre de mélodie qui s'entonne facilement en choeur, mais à l'écoute du refrain, on ne peut pas s'empêcher d'avoir envie d'asséner avec Burger :
On n'a pas plumé les pigeons - Ensemble
On n'a pas bourré les prisons - Ensemble
On n'a pas rempli les avions - Ensemble
Ensemble oui, ensemble non, tout n'est pas possible.
Ensemble oui, mais sans toi, si possible
Petit exploit et paradoxe surprenant ces temps-ci : cette fois-ci, ce brûlot n'est pas auto-édité en édition limitée. Ensemble figure sur No sport, le nouvel album de Rodolphe Burger, édité par EMI (comme Anarchy in the UK, entre autres, mais pas comme L'affront national ou Anarchie en Chiraquie), l'un des plus gros labels du monde, et il est en écoute chez Rupert Murdoch. La subversion de l'intérieur, peut-être.

jeudi 6 mars 2008

EnCorse un effort...


La Corse est-elle un territoire français comme un autre ? Visiblement non, la preuve si l'on s'en réfère à la façon dont l'Etat et les médias traitent depuis des années les affaires qui s'y rapportent.
Mais, puisque c'est de saison, transportons-nous à Lille.
Imaginons que, à quelques jours d'écart, des hommes armés aient tiré sur le Palais de Justice de Lille, manquant de peu les policiers de faction, l'un d'entre eux retrouvant même une balle ou un éclat de balle dans son portefeuille.
Imaginons que, à la veille du premier tour, le F.U.C.Y.B (Front Unitaire des Ch'tis aux Yeux Bleux) ait publié un communiqué menaçant les électeurs non-Ch'tis de représailles s'ils osaient se mêler des affaires locales en participant aux élections municipales. Imaginons qu'un juré d'un procès d'assises où comparaissent six nationalistes Ch'tis pour le meurtre d'un autre nationaliste Ch'ti ait subi des pressions à son domicile pendant le procès par trois personnes dont le frère de l'un des accusés.
Imaginons que, pendant cette période, un restaurant-friterie saisonnier du bord de la Mer du Nord ait été plastiqué.
Imaginons enfin que, dans la banlieue de Dunkerque, la villa de paisibles retraités Corses ait été fortement endommagée par un attentat à l'explosif, avec une charge de forte puissance posée devant la porte alors que le couple était présent !

Connaissant la propension des médias à monter en épingle le moindre événement leur permettant de faire des unes et des éditions spéciales. Connaissant la propension récente de l'exécutif à se déplacer partout en France à la moindre occasion, médias à l'appui, comme la ministre de l'Intérieur la semaine dernière pour une explosion de gaz accidentelle à Lyon ou le Président de la République l'été dernier en Bretagne pour les obsèques d'un marin victime d'un accident de circulation maritime, on se dit que les médias et l'exécutif auraient fait leurs choux gras d'une telle série noire et auraient sauté sur l'occasion de faire monter le sentiment d'insécurité en fin de campagne électorale.

Oui, mais voilà, cette série d'événements n'a pas eu lieu dans le Nord-Pas de Calais, mais bel et bien en Corse, entre le 19 février et le 4 mars :
Ça fait plusieurs années que je joue à un petit jeu ridicule qui consiste à relever les annonces à la radio d'attentats en Corse sur lesquelles le présentateur passe sans aucun commentaire. Les tirs du Palais de Justice ont quand même fait la une pendant presque une demie-journée mais il est affligeant d'avoir à penser que, leurs "coups d'éclats" ayant de moins en moins d'impact médiatique et politique, leurs auteurs vont finir par faire encorse un effort et notamment par faire des victimes (Au moins, l'assassinat de Claude Erignac avait secoué le pays...). Pour tenter d'éviter cela, une seule solution, traiter des affaires corses comme on traite des affaires des autres régions françaises puisque, théoriquement au moins, la Corse est jusqu'à nouvel ordre un territoire français comme les autres.