jeudi 6 mars 2008

EnCorse un effort...


La Corse est-elle un territoire français comme un autre ? Visiblement non, la preuve si l'on s'en réfère à la façon dont l'Etat et les médias traitent depuis des années les affaires qui s'y rapportent.
Mais, puisque c'est de saison, transportons-nous à Lille.
Imaginons que, à quelques jours d'écart, des hommes armés aient tiré sur le Palais de Justice de Lille, manquant de peu les policiers de faction, l'un d'entre eux retrouvant même une balle ou un éclat de balle dans son portefeuille.
Imaginons que, à la veille du premier tour, le F.U.C.Y.B (Front Unitaire des Ch'tis aux Yeux Bleux) ait publié un communiqué menaçant les électeurs non-Ch'tis de représailles s'ils osaient se mêler des affaires locales en participant aux élections municipales. Imaginons qu'un juré d'un procès d'assises où comparaissent six nationalistes Ch'tis pour le meurtre d'un autre nationaliste Ch'ti ait subi des pressions à son domicile pendant le procès par trois personnes dont le frère de l'un des accusés.
Imaginons que, pendant cette période, un restaurant-friterie saisonnier du bord de la Mer du Nord ait été plastiqué.
Imaginons enfin que, dans la banlieue de Dunkerque, la villa de paisibles retraités Corses ait été fortement endommagée par un attentat à l'explosif, avec une charge de forte puissance posée devant la porte alors que le couple était présent !

Connaissant la propension des médias à monter en épingle le moindre événement leur permettant de faire des unes et des éditions spéciales. Connaissant la propension récente de l'exécutif à se déplacer partout en France à la moindre occasion, médias à l'appui, comme la ministre de l'Intérieur la semaine dernière pour une explosion de gaz accidentelle à Lyon ou le Président de la République l'été dernier en Bretagne pour les obsèques d'un marin victime d'un accident de circulation maritime, on se dit que les médias et l'exécutif auraient fait leurs choux gras d'une telle série noire et auraient sauté sur l'occasion de faire monter le sentiment d'insécurité en fin de campagne électorale.

Oui, mais voilà, cette série d'événements n'a pas eu lieu dans le Nord-Pas de Calais, mais bel et bien en Corse, entre le 19 février et le 4 mars :
Ça fait plusieurs années que je joue à un petit jeu ridicule qui consiste à relever les annonces à la radio d'attentats en Corse sur lesquelles le présentateur passe sans aucun commentaire. Les tirs du Palais de Justice ont quand même fait la une pendant presque une demie-journée mais il est affligeant d'avoir à penser que, leurs "coups d'éclats" ayant de moins en moins d'impact médiatique et politique, leurs auteurs vont finir par faire encorse un effort et notamment par faire des victimes (Au moins, l'assassinat de Claude Erignac avait secoué le pays...). Pour tenter d'éviter cela, une seule solution, traiter des affaires corses comme on traite des affaires des autres régions françaises puisque, théoriquement au moins, la Corse est jusqu'à nouvel ordre un territoire français comme les autres.

Aucun commentaire: